Sunday, March 29, 2009

Mehr Licht/Mehr Nicht

"Mehr Licht!" Tels sont les derniers mots traditionnellement attribués à Goethe sur son lit de mort. Mais les mauvaises langues ont prétendu qu'il fallait en réalité entendre "Mehr nicht!" -- je n'en puis plus. Cette anecdote m'est revenue en tête hier, et j'ai pensé qu'on pouvait y voir plus qu'une moquerie: et si les deux interprétations n'étaient pas inconciliables? Ma thèse est celle de la coincidence, dans l'esprit du créateur, de l'instant de l'illumination et de celui de l'épuisement. Après tout, comment pourrait-il en être autrement, étant donne que pour percer la coque opaque de l'inconnu par un éclair de lucidité, il faut avoir atteint la frontière lugubre du périmètre de sécurité de l'esprit? Prenons l'example de l'athlète qui établit un nouveau record: le mehr Licht autant que le  mehr nicht l'habitent, et se confondent en lui.

Dans The Crucible d'Arthur Miller, il y a un vieil homme honnête qui est exécuté par l'Inquisition par écrasement: on lui pose des pierres de plus en plus lourdes sur la poitrine jusqu'à ce que mort s'en suive... Ses dernières paroles furent : "More weight!" 
Ici aussi on peut le comprendre de plusieurs manières: la manière comique (qui n'est pas ma favorite, va sans dire) selon laquelle il se moquait de ses bourreaux, mais aussi la manière, disons, existentielle qui appelle à plus de poids dans les décisions et les attitudes de vie de ces concitoyens. Une vie plus lourde de sens.